Patrick Cohen refuse de révéler son salaire devant la commission d’enquête
Dans un climat de défiance croissante envers les médias, la commission d’enquête sur la neutralité, le fonctionnement et le financement de l’audiovisuel public a entendu, ce jeudi 18 décembre 2025, une figure incontournable de l’information : Patrick Cohen. Le chroniqueur de C à Vous a choisi de ne pas céder à la pression. Face au rapporteur Charles Alloncle, il a catégoriquement refusé de communiquer le montant de ses rémunérations. Une décision qui relance un débat brûlant : jusqu’où doit aller la transparence quand l’argent public est en jeu ?
Le dîner qui a tout déclenché
Tout commence en septembre 2025. Une vidéo, filmée à l’insu des protagonistes dans un restaurant parisien, montre Patrick Cohen en discussion animée avec Thomas Legrand et des cadres du Parti socialiste. Publiée par L’Incorrect, l’image circule à grande vitesse. On y entend Legrand évoquer des « actions » contre Rachida Dati, alors candidate de la droite aux municipales de Paris. Immédiatement, les accusations de partialité fusent.
Thomas Legrand se justifie
Auditionné en premier, l’éditorialiste de France Inter a reconnu la maladresse de ses propos. « Cette phrase me choque aussi, mais elle est sortie de son contexte », a-t-il déclaré. Selon lui, il faisait référence à deux articles de fact-checking publiés dans Libération, réfutant des affirmations de la ministre de la Culture sur l’audience de France Inter. « Elle avait qualifié nos auditeurs de CSP+. Ce n’est tout simplement pas exact », a-t-il rappelé.
Patrick Cohen : « C’est de l’espionnage »
Patrick Cohen refuse devant les parlementaires, donc les Français, de dire combien il perçoit tous les mois sur France Inter et France 5
Rigolez pas, c’est avec vos impôts ! pic.twitter.com/4TJOtEPF3h
— Destination Télé (@DestinationTele) December 18, 2025
Le journaliste de C à Vous n’a pas dévié de sa ligne. Il a dénoncé une « atteinte inacceptable à la vie privée », qualifiant la captation vidéo d’« espionnage ». Il a par ailleurs défendu l’intégrité de son collègue : « Je n’ai aucun doute sur les intentions de Thomas Legrand. »
Et d’ajouter, avec fermeté : « Je n’ai jamais cherché à discréditer Rachida Dati. C’est elle qui a tenté de salir ma réputation en direct. » Une allusion claire à une séquence télévisée où la ministre avait remis en cause son impartialité.
Le refus de transparence salariale
Lorsqu’on lui a demandé le détail de ses revenus, Patrick Cohen a opposé une fin de non-recevoir limpide. « J’ai un contrat de saison avec France Inter, mais je travaille aussi pour Mediawan, une société privée. Ma rémunération n’est donc pas exclusivement issue du service public. »
Pour lui, la logique est simple : si l’argent ne vient pas entièrement de fonds publics, il n’a pas à le justifier devant une commission parlementaire. Une position qui divise. D’un côté, la défense légitime du secret contractuel. De l’autre, une exigence démocratique de transparence accrue.
Un enjeu plus large : la confiance dans les médias
Cette affaire dépasse le cas individuel de Patrick Cohen. Elle interroge la neutralité journalistique en France, le financement de l’audiovisuel public, et surtout la transparence des salaires des journalistes du service public. En 2025, alors que les citoyens réclament plus de clarté, ce refus alimente les soupçons.
La commission d’enquête sur le financement de l’audiovisuel public devra trancher : où commence la légitime protection de la vie privée, et où s’arrête la responsabilité envers les contribuables ? La réponse pourrait redéfinir les règles du journalisme public pour la décennie à venir.
