Marine Tondelier lance sa candidature présidentielle 2027 : peut-elle percer à gauche ?
Le 22 octobre 2025, Marine Tondelier, secrétaire nationale des Écologistes, a officiellement annoncé sa candidature à l’élection présidentielle dans un entretien au Nouvel Obs. Une déclaration qui marque le début d’une bataille politique à la fois stratégique, idéologique et électoralement incertaine pour la trentenaire originaire d’Hénin-Beaumont. Dans un paysage gauche fracturé, son défi n’est pas seulement de convaincre les électeurs, mais aussi de se hisser au rang de porte-parole légitime de l’écologie politique en France.
Une candidature conditionnée par une primaire à faible enjeu
Avant de se lancer dans la course présidentielle, Marine Tondelier doit d’abord remporter l’investiture de son propre courant politique. Entre le 5 et le 8 décembre 2025, les adhérents des Écologistes voteront pour désigner leur représentant à la primaire de la gauche et des écologistes. Son seul concurrent, Waleed Mouhali — enseignant-chercheur en physique et élu local à La Garenne-Colombes — ne semble pas en mesure de lui disputer sérieusement cette place.
Ce scrutin interne devrait donc constituer une simple formalité. Mais ce n’est qu’un premier pas. La véritable épreuve commence là où les enjeux se multiplient : convaincre au-delà de son camp, capter l’attention médiatique et surtout, éviter d’être absorbée par des figures plus établies.
Un défi historique pour les candidats écologistes
Depuis des décennies, l’élection présidentielle reste un écueil pour les candidats du mouvement écologiste. Si les listes vertes brillent régulièrement aux européennes — comme en 2009 avec Daniel Cohn-Bendit (16,2 %) ou en 2019 avec Yannick Jadot (13,4 %) —, le scrutin suprême ne leur a jamais permis de franchir la barre des 5 %, à l’exception de Noël Mamère en 2002.
Or, selon un sondage ELABE publié le 1er novembre 2025, Marine Tondelier flirterait justement avec ce seuil critique : entre 4,5 % et 5,5 % des voix, en fonction des scénarios. Une marge étroite, certes, mais qui offre une fenêtre d’opportunité inédite si elle parvient à s’imposer comme la candidat écologiste 2027 officiel après la primaire.
Une gauche divisée, mais très encombrée
Pour réussir, Tondelier devra dépasser un double obstacle. D’un côté, le Parti socialiste, qui s’est longtemps présenté sous l’étiquette « social-écologie ». De l’autre, La France Insoumise, dont l’offre programmatique intègre depuis des années une forte dimension environnementale, notamment à travers le concept de planification écologique.
Deux mastodontes qui, bien que concurrents entre eux, partagent tous deux une légitimité électorale — et parfois programmatique — dans le champ écologiste. Le risque pour Tondelier est de se retrouver coincée entre ces deux blocs, sans espace suffisant pour créer une dynamique propre.
Un parti en recul, des tensions internes persistantes
Les Écologistes traversent une période délicate. Malgré leur présence à la tête de grandes métropoles comme Lyon, Grenoble ou Bordeaux, leur audience nationale s’érode : Yannick Jadot n’a récolté que 4,6 % en 2022, et la liste européenne de Marie Toussaint a chuté à 5,5 % en 2024 — leur plus mauvais score depuis 1994.
À cela s’ajoutent des dissensions internes. Sandrine Rousseau, députée et figure centrale du parti, a publiquement critiqué le calendrier de la candidature de Tondelier, qualifiant l’annonce du 22 octobre de « bataille à contretemps ». Ces tensions illustrent les difficultés structurelles auxquelles la secrétaire nationale doit faire face.
Un horizon incertain, mais une ambition claire
Malgré les obstacles, Marine Tondelier avance avec conviction. « Cette candidature est un acte d’amour pour la France », a-t-elle affirmé, soulignant que « rien ne sera simple ». Pourtant, elle mise sur une transformation profonde de son parti — « du sol au plafond », selon ses mots — et sur une coalition plus large en cas de victoire à la primaire.
Si elle devient la candidat unique de la gauche et des écologistes, elle espère non seulement franchir les 5 %, mais aussi redessiner les contours d’un nouvel élan écologiste en France. Une ambition à la hauteur de l’urgence climatique — mais aussi des défis électoraux qui l’attendent.
