« Ce n’est pas de l’escroquerie, c’est du travail parlementaire » : la charge cinglante contre Mathilde Panot fait débat
Alors que la tension monte à l’Assemblée nationale sur l’usage des moyens parlementaires, une phrase cinglante circule dans les couloirs du Palais Bourbon : « Non, madame Panot, ça s’appelle le travail parlementaire, ce pour quoi vous êtes indemnisée. » Derrière cette réplique, une critique acerbe de l’action de la présidente du groupe LFI — et une accusation implicite d’opportunisme politique qui relance un débat brûlant : où commence la légitime opposition, et où s’arrête le détournement des ressources publiques ?
"Non Mme Panot, ça s’appelle le travail parlementaire, ce pour quoi vous êtes indemnisée "
J'ai le sentiment que @SebLecornu à une affection toute particulière pour @MathildePanot et qu'il n'hésitera pas à mettre en valeur l'escroquerie Insoumise qu’elle incarne.#JeKiffeLecornu pic.twitter.com/PAo25kL5Ot— 𝙅𝘽🇫🇷🇪🇺 (@JBOOVII) October 31, 2025
Une querelle politique qui dépasse les clivages habituels
La remarque, attribuée à des cercles proches de Sébastien Lecornu, ministre de la Transition écologique, ne vise pas seulement une personne. Elle pointe un modèle d’action politique incarné par Mathilde Panot et le groupe La France insoumise : multiplication des amendements, recours systématiques aux questions orales, recours juridiques fréquents, et usage intensif des crédits parlementaires.
Pour ses détracteurs, cette stratégie relève d’une forme de paralysie institutionnelle calculée. Pour ses soutiens, elle constitue une opposition active et légitime dans un contexte de majorité présidentielle dominante.
Travail parlementaire ou instrumentalisation des institutions ?
Les chiffres alimentent le débat. Selon l’Observatoire du Parlement, le groupe LFI a déposé plus de 3 200 amendements en 2024 — soit près de 25 % du total, malgré une représentation de seulement 7 % des sièges. Une efficacité statistique qui interroge : ces initiatives visent-elles à améliorer les textes… ou à ralentir leur adoption ?
Le Code de déontologie des députés rappelle pourtant clairement que les moyens alloués — assistants parlementaires, crédits de fonctionnement, temps de parole — doivent servir « l’exercice du mandat dans l’intérêt général ». Mais qui juge de cet « intérêt » ?
Indemnité parlementaire : un salaire pour quoi faire ?
Un député perçoit aujourd’hui une indemnité parlementaire brute de 7 700 € par mois, complétée par une réserve parlementaire (rétablie sous une nouvelle forme en 2023) et des moyens logistiques importants. En échange, il est censé légiférer, contrôler l’action du gouvernement, et représenter ses concitoyens.
Mais dans un climat de défiance croissante envers les élus, toute action perçue comme « théâtrale » ou « procédurière » alimente le sentiment d’escroquerie démocratique — même lorsqu’elle reste strictement légale.
Et si le vrai problème était ailleurs ?
Plutôt que de stigmatiser un groupe politique, certains analystes appellent à réformer en profondeur le fonctionnement du Parlement. « Accuser LFI de bloquer l’Assemblée, c’est oublier que le gouvernement utilise massivement l’article 49.3 », rappelle le politologue Thomas Poirier (Sciences Po). « Le vrai débat n’est pas moral, il est institutionnel. »
En d’autres termes : tant que la majorité pourra imposer ses textes sans véritable débat, l’opposition cherchera des leviers — même symboliques — pour se faire entendre.
