Marine Le Pen recadre violemment le Premier ministre : « L’Assemblée a voté, vous n’avez pas le droit de passer outre »
Quand le gouvernement semble oublier que le Parlement est souverain, une voix s’élève — inattendue, mais tranchante. Marine Le Pen a lancé un cinglant rappel à l’ordre au Premier ministre après ses déclarations sur une possible renégociation de l’accord franco-algérien. « Ce n’est pas ce qu’a voté l’Assemblée nationale », a-t-elle martelé. Derrière cette remarque se cache une question fondamentale : que vaut le vote des représentants du peuple si l’exécutif agit comme bon lui semble ?
La polémique autour de l’accord franco-algérien
M. le Premier ministre, la renégociation de l’accord avec l’Algérie, c’est votre avis personnel.
Mais ce n’est pas ce qu’a voté l’Assemblée nationale. pic.twitter.com/dv43rdyA3i
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 4, 2025
Jusqu’ici, les relations entre la France et l’Algérie sont encadrées par un ensemble d’accords bilatéraux, dont certains remontent à des décennies. Mais récemment, le Premier ministre a évoqué publiquement la possibilité de renégocier certains volets de ces textes, notamment sur les questions migratoires et administratives.
Problème : ce type de modification engage la politique étrangère de la France et, selon la Constitution, relève du Parlement lorsqu’il touche à des traités internationaux ou à des accords ayant force obligatoire. Or, l’Assemblée nationale s’est déjà prononcée — et n’a pas autorisé une telle réouverture.
« Ce n’est pas votre avis personnel qui compte »
Dans un hémicycle tendu, Marine Le Pen a coupé court à toute ambiguïté : « La renégociation de l’accord avec l’Algérie, c’est votre avis personnel. Mais ce n’est pas ce qu’a voté l’Assemblée nationale. » Une phrase lapidaire, mais juridiquement solide.
Elle rappelle une vérité souvent oubliée : le Premier ministre n’est pas tout-puissant. Il exécute la loi, certes — mais il ne peut pas la réécrire en catimini, surtout quand le Parlement a clairement statué. Sinon, ce n’est plus de la gouvernance. C’est du contournement institutionnel.
La séparation des pouvoirs, un principe non négociable
En France, la séparation des pouvoirs n’est pas une option décorative. Elle est inscrite dans la Constitution de 1958 et renforcée par la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Le législatif vote les lois. L’exécutif les applique. Point final.
Quand un membre du gouvernement semble vouloir agir sur la base d’une « posture diplomatique » ou d’un « coup de tête », il met en péril ce fragile équilibre. Et ce, même s’il estime agir dans l’intérêt national. Car l’intérêt national, en démocratie, se définit avec les représentants du peuple — pas à leur place.
Une critique qui dépasse les clivages partisans
M. le Premier ministre, la renégociation de l'accord avec l'Algérie, c'est votre avis personnel.
Mais ce n'est pas ce qu'a voté l'Assemblée nationale. pic.twitter.com/dv43rdyA3i
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) November 4, 2025
Ironie de l’histoire : c’est une figure de l’opposition, souvent accusée de vouloir affaiblir les institutions, qui vient défendre le Parlement avec la plus grande rigueur républicaine. Cette prise de position, loin d’être rhétorique, résonne bien au-delà des rangs du Rassemblement National.
Nombreux sont les constitutionnalistes à abonder dans son sens. « Aucun accord international ne peut être modifié unilatéralement par le gouvernement s’il a été ratifié par le Parlement », rappelle le professeur Dominique Rousseau, spécialiste du droit constitutionnel. La légitimité démocratique ne se négocie pas — même avec Alger.
La France ne se gouverne pas à l’instinct
Au-delà du cas algérien, ce débat révèle une tendance inquiétante : l’exécutif qui agit en mode « pilotage automatique », sans rendre de comptes. Or, la légitimité républicaine repose justement sur le respect des votes, des débats, des procédures.
Le message est clair : le Premier ministre doit écouter. Parce que la France ne se gouverne pas à l’instinct, ni à la diplomatie improvisée. Elle se gouverne par le respect des institutions — ou elle cesse d’être une démocratie.
