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Le silence des bourgeois : quand la consommation de drogue devient un acte de complicité

Un jeune homme abattu pour avoir parlé. Un président qui ose nommer les responsables. Et une société qui continue de cliquer, de payer, de fermer les yeux.

Une vérité trop gênante pour être dite — jusqu’à aujourd’hui

Le 19 novembre 2025, Emmanuel Macron a rompu le silence. Devant le Conseil des ministres, il a affirmé, selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon : « C’est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants. »

La phrase n’était pas un accident de langage. Elle était calculée. Précise. Douloureuse. Et elle a résonné comme un coup de fouet dans une salle pleine de convenances.

« On ne peut pas déplorer d’un côté les morts et de l’autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail », a ajouté Maud Bregeon. Une simple phrase. Une accusation silencieuse. Une révélation qui ne s’adresse pas aux dealers. Mais à ceux qui les paient.

Qui paie, en réalité ?

Les chiffres ne mentent pas. En 2024, plus de 1,2 million de Français âgés de 18 à 35 ans ont consommé de la cocaïne au moins une fois. 37 % d’entre eux l’ont achetée en ligne. Livraison rapide. Paiement crypté. Aucun contact. Aucun regard.

Ces transactions ne se font pas dans les cités. Elles se déroulent dans les appartements de Belleville, de Saint-Germain, de la Croix-Rousse. Dans les salons où l’on parle de justice sociale, pendant que l’on inhale de la poudre blanche en écoutant du jazz.

Le narcotrafic n’est plus un problème de rue. C’est un business digital. Et ses clients ? Des profils qui ne se reconnaissent pas comme coupables. Des cadres. Des artistes. Des étudiants. Des parents.

Le meurtre qui a tout changé

Le 13 novembre, à Marseille, Medhi Kessaci, 20 ans, a été tué d’une balle dans la tête. Deux hommes à moto. Un crime organisé. Un avertissement.

Medhi ne vendait pas. Il ne consommait pas. Il recensait les points de vente dans son quartier. Il parlait aux jeunes. Il alertait les associations. Il a été éliminé pour avoir mis la lumière là où on préférait l’obscurité.

L’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ) a qualifié cet assassinat de « point de bascule ». Pas parce qu’il était particulièrement brutal. Mais parce qu’il révélait une vérité : la violence du narcotrafic ne s’arrête plus aux marges de la société. Elle entre dans les rues, les écoles, les familles.

Un système qui s’effondre par manque de courage

Les forces de l’ordre le disent depuis des années : les réseaux sont devenus des multinationales. Leurs circuits sont internationaux. Leurs profits, colossaux. Leurs armes, modernes.

Pourtant, la réponse de l’État reste fragmentée. Les polices locales ne partagent pas leurs données. Les procureurs ne suivent pas les pistes financières. Les ministères agissent en vase clos.

L’ANPJ réclame une direction générale de la police judiciaire, puissante, unifiée, comme la DGSI. Une structure capable de suivre l’argent — pas seulement les drogues. Parce que sans financement, il n’y a pas de trafic.

La consommation, un acte politique

Consommer de la drogue en 2025, ce n’est plus un choix personnel. C’est un acte économique. Et par extension, un acte politique.

Chaque gramme acheté en ligne finance un trafiquant qui armé. Chaque commande passée sur une application soutient un réseau qui assassine des témoins. Chaque soir où l’on ferme les yeux sur la source de cette poudre, on choisit de ne pas voir.

Le gouvernement ne demande pas de condamner les consommateurs. Il demande de les éveiller.

Parce que la prévention ne passe pas par des affiches dans les lycées. Elle passe par une prise de conscience collective. Par le refus de la facilité. Par la volonté de ne plus payer pour ce qu’on dénonce.

Le prix du silence

Medhi Kessaci n’était pas un héros. Il était un jeune homme qui croyait encore que la vérité pouvait changer les choses.

Emmanuel Macron n’a pas fait un discours de campagne. Il a fait un constat. Un constat qui dérange parce qu’il est juste.

Le narcotrafic ne se bat pas seulement avec des raids. Il se bat avec des choix. Chaque jour. Dans chaque appartement. Dans chaque clic.

Il ne faut pas attendre un autre meurtre pour comprendre.

Il faut commencer par regarder ce qu’on achète — et pourquoi on le fait.

Parce que la drogue ne tue pas seulement les corps.
Elle tue la conscience —
lentement, silencieusement,
et souvent, avec une carte bancaire.

Karim

Passionné par l’écriture et doté d’un diplôme universitaire en communication, je mets mon sens de l’analyse et ma rigueur au service de contenus clairs, structurés et engageants. Avec une plume à la fois fluide et précise, je couvre des sujets variés allant de l’actualité aux thématiques lifestyle, en passant par les sciences et la culture. Méthodique et organisé, je privilégie une approche documentée et argumentée dans chaque article. Mon objectif ? Informer avec justesse, tout en captivant un lectorat exigeant. Sur WordPress comme ailleurs, je crois en une rédaction claire, optimisée et toujours utile. Parce que bien écrire, c’est déjà bien servir.

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