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Accord franco-algérien de 1968 : Mélenchon dénonce “une agression diplomatique”

Le ton monte autour de la récente résolution de l’Assemblée nationale visant à dénoncer l’accord franco-algérien de 1968. Dans une vidéo publiée sur X, Jean-Luc Mélenchon, figure de proue de La France insoumise, a dénoncé une “résolution d’une extrême agressivité envers l’Algérie”. Ce vote, adopté par une majorité de députés, relance un débat sensible sur les relations entre Paris et Alger, plus de six décennies après l’indépendance. Et ce, alors que la France cherche à stabiliser ses partenariats méditerranéens dans un contexte géopolitique tendu.

Pourquoi ce texte fait-il polémique ?

Signé le 27 décembre 1968, l’accord franco-algérien régule les conditions de séjour, de travail, de circulation et de rapatriement des ressortissants algériens en France. À l’époque, il succède aux accords d’Évian de 1962 et vise à encadrer une migration massive issue du bassin méditerranéen. Il accorde notamment aux Algériens des droits spécifiques, comme une procédure de régularisation simplifiée ou des dispositions particulières en matière de regroupement familial.

La résolution votée en 2025 ne l’abroge pas juridiquement — seul le gouvernement, par voie diplomatique, peut dénoncer un traité international — mais appelle de manière symbolique à sa “dénonciation”. Pour ses partisans, il s’agit de moderniser un cadre jugé obsolète, inégalitaire ou déconnecté des réalités migratoires actuelles. Mais pour ses détracteurs, cette initiative relève d’une logique identitaire, voire xénophobe.

Ce débat ne surgit pas par hasard. Il s’inscrit dans un climat politique national marqué par des tensions autour de la politique migratoire française, exacerbées par les discours sécuritaires et les pressions électorales à droite comme à l’extrême droite. Or, l’Algérie demeure le troisième pays d’origine des immigrés en France, après l’Algérie, le Maroc et le Portugal — un enjeu démographique et social majeur.

La réaction cinglante de Jean-Luc Mélenchon

“Il est urgent de tourner la page de la violence”, a lancé le député des Bouches-du-Rhône dans une vidéo sobre mais percutante. Selon lui, ce vote “envoie un signal extrêmement douloureux”, en particulier “pour les Français nés au Maghreb”, dont beaucoup vivent entre deux cultures, deux mémoires, parfois deux loyautés affectives.

Mélenchon accuse les parlementaires favorables à cette résolution de cultiver “une nation revancharde et haineuse, qui entretient les vieilles passions et envenime les rapports humains et diplomatiques”. Il pointe du doigt une instrumentalisation du passé colonial, utilisée non pour réconcilier, mais pour diviser. “Derrière cette résolution, il y a un calcul électoral, pas un souci d’apaisement”, a-t-il ajouté, visant implicitement les partis soutenant la majorité présidentielle.

Son intervention n’est pas isolée. Plusieurs voix au sein de la gauche, mais aussi dans la société civile, ont dénoncé un “retour du colonialisme rhétorique”. Pour elles, remettre en cause unilatéralement un accord bilatéral avec un pays voisin, sans dialogue préalable, revient à briser un fragile équilibre diplomatique.

Quels enjeux derrière ce débat ?

Au-delà du symbolisme, cette initiative s’inscrit dans un contexte migratoire tendu. Les partisans de la dénonciation — essentiellement issus de la droite et de l’extrême droite — estiment que cet accord octroie des “privilèges” aux Algériens en France, notamment en matière de droit au séjour ou de régularisation, perçus comme inéquitables par rapport à d’autres nationalités.

Pourtant, les experts en droit international et en migration rappellent que l’accord franco-algérien de 1968 a été révisé à plusieurs reprises : en 1994 (après l’instauration du visa obligatoire), puis en 2012 (dans le cadre d’un protocole de coopération). Il ne constitue plus un cadre juridique autonome, mais coexiste avec le droit européen, la convention de Schengen et la législation française sur l’immigration.

En outre, l’Algérie elle-même utilise cet accord pour réguler les flux inverses : les Français résidant en Algérie bénéficient également de garanties spécifiques. Une dénonciation unilatérale pourrait donc entraîner des représailles diplomatiques, affecter les échanges économiques ou compliquer la coopération en matière de sécurité — notamment dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.

Et maintenant ?

Le gouvernement n’a pas encore réagi officiellement à cette résolution non contraignante. Mais les diplomates algériens ont fait savoir, par voie de communiqué, que toute remise en cause du traité serait “perçue comme un acte hostile”. À Paris, le ministère des Affaires étrangères semble hésiter entre fermeté souverainiste et pragmatisme diplomatique.

Pour autant, le sujet risque de rebondir, surtout en amont des échéances électorales locales et européennes. Entre mémoire coloniale, enjeux migratoires, sécurité et coopération régionale, ce débat touche à l’une des questions les plus complexes — et explosives — de la politique étrangère française.

Alors que certains y voient une nécessité de modernisation, d’autres y perçoivent une rupture inutile avec un partenaire stratégique. Une chose est claire : la politique migratoire française reste un terreau fertile pour les tensions — et les débats passionnés. Et dans ce jeu d’équilibres, chaque mot compte. Chaque vote aussi.

Karim

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