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Pour la première fois, le Rassemblement national fait adopter un texte à l’Assemblée : la dénonciation des accords franco-algériens de 1968. Une victoire symbolique mais stratégique.

Pour la première fois en près de quarante ans, le Rassemblement national vient de franchir une ligne symbolique : l’adoption d’un texte à l’Assemblée nationale. Une victoire étroite, mais lourde de sens, qui marque un tournant dans la trajectoire du parti.

Un vote à une voix près sur les accords franco-algériens

Mercredi, les députés ont adopté à 185 voix contre 184 une proposition du Rassemblement national visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968. Ce texte, présenté dans le cadre de la niche parlementaire annuelle du groupe RN, cible un cadre juridique devenu sensible depuis le refroidissement des relations entre Paris et Alger.

Le vote, extrêmement serré, reflète une recomposition des alliances politiques. Si la majorité des députés de gauche et du centre ont maintenu leur traditionnel « cordon sanitaire », certains ont visiblement choisi de s’abstenir ou de ne pas participer au scrutin.

Un tournant politique inédit

Depuis l’entrée de ses premiers élus en 1986 sous l’étiquette Front national, le parti n’avait jamais réussi à faire adopter une seule de ses propositions. Trop clivantes, jugées extrêmes ou idéologiquement inacceptables, ses initiatives étaient systématiquement rejetées — même lorsqu’elles coïncidaient avec des positions défendues par la gauche, comme l’abrogation de la réforme des retraites en 2024.

Cette fois, la donne a changé. Le texte sur les accords franco-algériens a bénéficié d’un contexte particulier : tensions diplomatiques, débats sur l’immigration, et pression croissante sur les questions de souveraineté nationale.

Pourquoi ces accords sont-ils au cœur du débat ?

Signés en 1968, ces accords régissent notamment les conditions de circulation, de séjour et de travail des ressortissants algériens en France. Ils incluent des dispositions jugées aujourd’hui « désuètes » ou « déséquilibrées » par plusieurs voix politiques, y compris au sein de la droite traditionnelle.

Le Rassemblement national les critique depuis des années, les accusant de faciliter une immigration incontrôlée et de limiter la marge de manœuvre de la France en matière de politique migratoire.

Un texte symbolique, mais politiquement explosif

Il faut toutefois nuancer l’impact juridique de ce vote. Comme le souligne le politologue Jean-Yves Camus, la proposition adoptée n’a pas de caractère contraignant. « Dans ces conditions, c’est assez tentant de voter ou de ne pas voter, ou bien d’être absent », explique-t-il.

Pourtant, la portée symbolique est immense. Pour le RN, il s’agit d’une reconnaissance institutionnelle : son agenda politique commence à imprégner le débat parlementaire, même de manière marginale.

Et maintenant ?

Le gouvernement n’est pas tenu de suivre cette recommandation. Mais le signal est clair : les politiques migratoires et les relations franco-algériennes deviennent des sujets de plus en plus polarisants, capables de fissurer les lignes de clivage traditionnelles.

Le Rassemblement national, fort de ses 123 députés, compte bien capitaliser sur cette victoire pour imposer d’autres textes dans les mois à venir — notamment sur le délit de séjour irrégulier, un autre cheval de bataille du parti.

Karim

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