Retraite 2026 : le double coup de massue du gouvernement Lecornu sur les seniors
Le gel des pensions en 2026 : un frein au pouvoir d’achat des retraités
Pour la première fois depuis plusieurs années, les pensions de retraite ne seront pas revalorisées en 2026. Le Premier ministre François Bayrou a justifié ce gel par une inflation anticipée comme très faible — autour de 1 %. En pratique, cela signifie qu’une pension moyenne de base de 814 euros restera strictement inchangée pendant toute l’année.
Ce manque à gagner peut sembler modeste — environ 8 euros par mois — mais il représente près de 100 euros perdus sur l’année pour chaque retraité concerné. Pour les foyers vivant au plus près du seuil de pauvreté, cette absence d’ajustement pèse lourd. Et pourtant, cette mesure seule rapportera 3 milliards d’euros aux caisses de l’État.
Fin de l’abattement de 10 % : vers un système plus juste ?
Autre changement majeur : la fin de l’abattement fiscal de 10 % sur les retraites, en vigueur depuis des décennies. À partir de 2026, il sera remplacé par un abattement forfaitaire de 2 000 euros par foyer fiscal. Selon François Bayrou, cette réforme vise à corriger une injustice historique : « C’est une évolution qui va faire gagner des centaines d’euros aux retraités du bas de l’échelle », a-t-il déclaré sur BFMTV le 31 août 2025.
Concrètement, les couples percevant de faibles pensions — par exemple moins de 2 000 euros mensuels — bénéficieront d’un allègement fiscal plus important qu’auparavant. À l’inverse, les retraités aisés, dont les revenus dépassent 4 000 euros par mois, verront leur avantage fiscal réduit. Le Premier ministre estime que cet effort supplémentaire représentera « environ 200 euros par an » pour les plus aisés.
Un budget d’austérité global au service du redressement des comptes publics
Ces mesures s’inscrivent dans un projet de loi de finances plus large, présenté le 14 octobre 2025 en Conseil des ministres. Objectif affiché : économiser 30 milliards d’euros en 2026. Outre les retraités, d’autres secteurs subiront des coupes :
- 3 119 postes de fonctionnaires seront supprimés,
- 3 000 emplois disparaîtront au sein des caisses de sécurité sociale,
- La contribution différentielle sur les hauts revenus (au-delà de 250 000 euros annuels) sera prolongée, avec un taux minimal d’imposition de 20 %.
Au total, les recettes fiscales supplémentaires tirées des ménages les plus aisés devraient atteindre 6,5 milliards d’euros. Le gouvernement insiste : l’effort est « juste » et « proportionné ». Mais pour de nombreux retraités, même modeste, le gel des pensions reste une mauvaise nouvelle.
Pourquoi ces mesures ciblent-elles les seniors en 2026 ?
Le vieillissement de la population française pèse de plus en plus sur les finances publiques. Les dépenses de retraite représentent aujourd’hui près de 14 % du PIB. Dans ce contexte, le gouvernement Lecornu cherche à stabiliser la trajectoire budgétaire sans augmenter les impôts pour les classes moyennes. La réforme de l’abattement retraite et le gel des pensions apparaissent comme des leviers rapides pour dégager des économies — tout en préservant une forme de progressivité.
Pour autant, la question demeure : un gel total des pensions est-il justifié quand l’inflation, même faible, continue d’éroder le pouvoir d’achat ? La réponse, en 2026, se lira dans les comptes bancaires des seniors.