La grand-mère qui connaît tout le monde… un peu trop bien

Dans un tribunal de province, l’atmosphère est tendue. Maître Langlois appelle son premier témoin : Mme Jeanne, une vieille dame au regard vif et à la langue bien pendue.

Il s’approche, souriant, confiant :

— Madame Jeanne, me connaissez-vous ?

Elle le fixe, l’œil sévère :

— Oh oui, je vous connais depuis votre enfance, Maître Langlois… et franchement, vous me décevez beaucoup ! Vous êtes un maître du mensonge, vous oubliez toujours l’anniversaire de votre femme, vous racontez des ragots comme une commère de village, et en plus, vous pensez que votre café du matin vous rend irrésistible… alors que tout le monde sait que vous trébuchez sur vos propres dossiers !

Elle marque une pause, puis assène avec un sourire en coin :

— Vous croyez impressionner le monde entier… mais en vérité, vous êtes aussi discret qu’un klaxon en pleine messe. Oh oui, je vous connais !

L’avocat, blême, cherche désespérément une échappatoire. Du doigt, il désigne son confrère :

— Et… connaissez-vous l’avocat de la défense ?

Mme Jeanne soupire, comme si on lui demandait l’évidence :

— Bien sûr que je connais Maître Richard ! Depuis qu’il est gamin. Il confond « plaidoirie » et « sieste », il a une relation très… intense avec les pâtisseries, et il préfère les soirées tranquilles à la maison — surtout quand son chien est le seul à l’écouter. Il oublie toujours ses clés, ses rendez-vous, et parfois même le nom de ses clients. Et entre nous, sa femme passe plus de temps avec ses amies qu’avec lui… dont votre épouse, Maître Langlois.

Le silence tombe. L’avocat de la défense suffoque. Le juge, impassible, fait signe aux deux hommes d’approcher.

À voix basse, mais ferme, il murmure :

— Si l’un de vous demande à cette dame si elle me connaît… je vous envoie tous les deux en taule pour outrage à la cour.