Un notaire en BMW grille un feu rouge à Perpignan… Ce qui suit avec un viticulteur est d’un humour noir absolu
Excellentissime !
Il faisait encore ce petit matin grisâtre, le genre où le soleil hésite à se lever sur les contreforts des Corbières. À Perpignan, dans une rue déserte, une BMW rutilante — forcément noire, forcément chère — grille un feu rouge avec cette assurance tranquille des gens qui pensent que les règles sont pour les autres. Et boum. La collision est inévitable. La victime ? Une 2 CV fourgonnette, jaune paille, rouillée aux coins, fidèle monture d’un viticulteur local.
Le notaire sort de sa berline comme un diable de sa boîte, costume froissé mais ego intact. Il pointe du doigt l’agriculteur, en criant, furieux :
— Vous n’avez pas vu le feu ? Vous vous croyez où, à la campagne ?!
Ironie du sort : c’est lui qui a grillé le feu. Mais dans ces moments-là, on sait bien, ce n’est jamais celui qui a raison qui crie le plus fort. Non, c’est celui qui a un titre, un diplôme, et surtout, une assurance premium. Il espère, en silence, que personne n’a rien vu. Pas de témoin, pas de gendarme. L’occasion rêvée de s’en sortir en mettant la faute sur le « paysan mal garé ».
Sauf que le viticulteur, lui, ne panique pas. Il descend calmement, s’essuie les mains sur son pantalon de travail, et dit, d’une voix douce :
— Bah, restez calme… Ce qui est fait est fait. Le plus important, c’est qu’on soit tous les deux entiers. Moi, je suis pas blessé. Et vous ?
Le notaire, interloqué, marmonne un « oui, oui » du bout des lèvres.
— Alors tout va bien, reprend le fermier. Je suis en route pour livrer du muscat à un restaurateur. Y a sûrement une bouteille qui a survécu là-dedans… On trinque ? Pour se remettre de nos émotions.
Et là, sans blague, il va fouiller à l’arrière de sa 2 CV, en sort une bouteille de muscat à moitié couverte de poussière, la débouche avec un calme olympien, et la tend au notaire.
Celui-ci, un peu décontenancé mais toujours dans son rôle de bourgeois décontracté, prend la bouteille, en avale une longue gorgée. Le vin est doux, sucré, un peu capiteux. Il sourit, presque touché par ce geste inattendu. Puis, soudain :
— Mais… vous ne buvez pas avec moi ?
Le viticulteur le regarde, l’air paisible, presque amusé. Il pose une main sur l’aile cabossée de sa camionnette, soupire, puis dit, lentement :
— Non. Je pense que je vais plutôt attendre que les gendarmes arrivent…
Silence.
Le notaire, la bouteille à la main, sent le muscat lui remonter un peu trop vite au cerveau. Ou peut-être c’est la conscience qui frappe.
Parce que là, entre les vignes et l’asphalte, entre le pouvoir du statut et la sagesse du terrain, c’est le plus humble qui vient de gagner la partie. Et sans dire un mot de plus, il a tout dit.
