Explosif : Zemmour déclare que Marseille est une « narco-cité arabo-musulmane » – La polémique enflamme le débat national
Une déclaration cinglante, immédiatement relayée, aussitôt controversée. Éric Zemmour, figure incontournable du débat politique français, a qualifié Marseille de « narco-cité arabo-musulmane », affirmant que la « reconquête s’impose ». Ces mots, prononcés dans un contexte tendu, ont fait l’effet d’une déflagration médiatique. Ils ravivent des tensions longtemps contenues autour de l’identité, de la sécurité et de la gestion des quartiers populaires. Mais derrière la provocation, quelles réalités sociales, économiques et sécuritaires se cachent ? Et surtout, comment une telle rhétorique influence-t-elle le climat national ?
Les propos de Zemmour : entre constat alarmiste et instrumentalisation politique ?
Éric Zemmour n’a jamais caché sa vision critique de l’évolution de certaines grandes villes françaises. Cette fois, c’est Marseille qui fait l’objet de ses foudres. Selon lui, la cité phocéenne serait devenue une narco-cité, marquée par une emprise croissante de réseaux criminels liés au trafic de drogue, dans un contexte qu’il décrit comme profondément arabo-musulman. Il insiste sur la nécessité d’une reconquête – terme lourd de symbolique historique et identitaire.
Ces déclarations, tenues lors d’un entretien avec CNews, s’inscrivent dans une logique de discours sécuritaire et identitaire qu’il a portée durant sa campagne présidentielle. Mais elles ne sont pas neuves. Déjà, en 2022, il avait évoqué la « submersion » de certaines zones urbaines par l’immigration et la délinquance. Pour ses détracteurs, il s’agit d’un amalgame dangereux. Pour ses partisans, d’un courageux constat de réalité.
Marseille, ville stratégique, ville fracturée
Marseille, deuxième ville de France, est un carrefour économique, culturel et migratoire majeur. Pourtant, elle fait face à des défis persistants. Le trafic de stupéfiants, notamment de cannabis et de cocaïne, y est effectivement un problème de longue date. En 2023, la Direction nationale du renseignement intérieur (DNRI) a classé la région comme un fief du trafic international de drogue, avec des ramifications jusqu’en Afrique et en Amérique du Sud.
Mais réduire Marseille à une narco-cité revient à ignorer sa diversité. La ville abrite près de 870 000 habitants, dont une forte population issue de l’immigration maghrébine, turque ou subsaharienne. Une partie importante de ses quartiers, comme la Castellane, les Baumettes ou la Belle de Mai, souffre de délaissances publiques, de taux de chômage élevés et d’une délinquance endémique. Pourtant, ces zones regorgent aussi d’initiatives citoyennes, culturelles et économiques.
Une rhétorique qui divise : entre alerte légitime et stigmatisation
Les propos de Zemmour ont été immédiatement condamnés par plusieurs élus locaux. Michèle Rubirola, ancienne maire de Marseille, a dénoncé une « stigmatisation collective » qui « fragilise la cohésion sociale ». Le sénateur socialiste Patrick Kanner a parlé d’un « discours de haine » qui « alimente les fractures ». Même des voix de droite, comme l’ancien ministre Bruno Retailleau, ont reconnu que le terme de « narco-cité » était « excessif », même s’il admet que la sécurité doit être une priorité.
Du côté des forces de l’ordre, le constat est nuancé. En 2023, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône a mené plus de 400 opérations contre les trafics de drogue, avec des résultats tangibles. Mais les officiers reconnaissent que le phénomène est profondément enraciné, lié à la pauvreté, à l’absence d’opportunités et à une défiance envers les institutions.
Et après ? Vers une politique de reconquête ou de dialogue ?
La proposition de reconquête avancée par Zemmour reste floue. S’agit-il d’un renforcement policier massif ? D’une politique d’assimilation culturelle ? D’un retrait des services publics dans les zones sensibles ? Sans précision, ce mot devient un slogan politique, puissant mais vide. Ce que réclament de nombreux Marseillais, ce n’est pas une reconquête militarisée, mais une politique urbaine ambitieuse : plus d’écoles, de logements décents, de transports et d’emplois.
Des associations comme Marseille en Commun ou Les Citoyens du Monde appellent à repenser la ville autrement : par le bas, avec les habitants. Car si la drogue est un fléau, il ne touche pas une communauté, mais un territoire marqué par l’inégalité. Et c’est là que réside le vrai défi : combattre le crime sans criminaliser une population.