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Choc budgétaire : Jordan Bardella promet de couper les milliards versés à l’Algérie — mais est-ce légal, réaliste… ou même vrai ?

Imaginez : un homme politique monte sur scène, martèle un chiffre vertigineux — des milliards — et promet, d’un claquement de doigts, d’arrêter le flot. C’est exactement ce qu’a fait Jordan Bardella, président du Rassemblement National, en déclarant : « Chaque année, nous donnons des milliards à l’Algérie : nous fermerons le robinet ». Une phrase choc, répétée comme un mantra électoral. Mais derrière la formule qui claque, que cache-t-elle vraiment ? Des faits ? Des chiffres ? Ou une rhétorique bien rodée pour faire vibrer les foules ?

La promesse en gros plan : qu’a-t-il dit, exactement ?

Lors d’un meeting à Marseille en avril 2024, Jordan Bardella a déclaré sans détour : « Chaque année, nous donnons des milliards à l’Algérie. Dès que nous serons au pouvoir, nous fermerons le robinet. »

Le ton est martial. L’image, efficace : un robinet qu’on coupe, un gaspillage qu’on stoppe. Mais… quels milliards ? Sous quelle forme ? Et surtout : qui les verse ?

Les chiffres derrière la formule : où est l’argent ?

Contrairement à ce que laisse entendre la formule, la France ne verse pas — techniquement — de « dons » directs à l’Algérie. Pas de chèque annuel signé Bercy-Algiers. Ce que Bardella désigne probablement, c’est un ensemble de flux financiers indirects : aides au développement, fonds européens redistribués, prêts de la Banque mondiale ou de la BADEA (Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique), subventions aux ONG, ou encore les transferts de la diaspora algérienne via les banques françaises.

Le mot « milliards » ? Il flotte. En 2023, l’aide publique au développement (APD) française à destination de l’Algérie s’élevait à… 5,3 millions d’euros. Oui, millions. Pas milliards. Même en y ajoutant les fonds européens ou les prêts internationaux, on reste très loin du chiffre avancé.

Alors d’où vient l’idée des « milliards » ? Probablement d’une confusion avec les transferts de la diaspora — estimés à plus de 2 milliards d’euros par an — ou avec les investissements privés français en Algérie, qui n’ont rien d’une « aide ».

Est-il légal de « fermer le robinet » ?

Même si l’on admettait l’existence d’un « robinet » d’aide publique, le couper du jour au lendemain relèverait de l’illégalité. L’aide au développement française est encadrée par des conventions internationales, des accords bilatéraux et des engagements européens. Unilatéralement les rompre exposerait la France à des contentieux diplomatiques, voire juridiques.

Et puis, fermer le robinet… pour quoi faire ? Punir ? Négocier ? Récupérer des fonds ? La promesse manque cruellement de précision opérationnelle. Elle relève davantage du symbole que de la politique concrète.

Une rhétorique efficace… mais trompeuse

La force de cette déclaration réside dans sa simplicité brutale. Elle touche une corde sensible : la perception d’un gaspillage, d’une injustice, d’une souveraineté bafouée. C’est du storytelling politique pur : un méchant (l’Algérie qui reçoit), un héros (Bardella qui coupe), une solution magique (le robinet fermé).

Mais la réalité est plus complexe. L’Algérie n’est pas un pays « assisté » par la France. C’est une puissance régionale, 4e économie africaine, exportatrice de gaz, avec laquelle la France entretient des relations économiques, culturelles et diplomatiques — parfois tendues, certes, mais incontournables.

Et si l’on parle de « fermer le robinet », pourquoi ne pas évoquer aussi les milliards d’euros d’exportations françaises vers l’Algérie ? Ou les milliers d’emplois français liés à ces échanges ?

Et si la vraie question n’était pas l’argent… mais la narration ?

Ce n’est pas tant le montant qui importe — puisqu’il est largement fantasmé — que le récit qu’il alimente. Celui d’une France spoliée, généreuse à tort, trahie par ses élites. C’est une narration puissante, électoralement rentable… mais factuellement fragile.

Derrière la formule choc, il y a un vide juridique, un flou comptable, et une instrumentalisation politique des chiffres. Ce n’est pas une proposition de loi. C’est un slogan. Et les slogans, eux, ne tiennent pas en cour de justice — ni en commission des finances.

Karim

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