Une lettre de fac pleine de mensonges (et de vérité cachée) qui va vous faire rire – et réfléchir
Chère maman, cher papa,
Ça fait trois mois que je suis parti à l’université. Et oui, je n’ai pas donné signe de vie. Je sais, je sais. C’est impardonnable. Mais entre les cours, les nuits blanches à réviser (ou à jouer à Fortnite), et l’art de survivre avec un frigo vide et une cafetière en panne, j’ai un peu perdu le fil. Désolé. Vraiment.
Avant de continuer, promettez-moi une chose : asseyez-vous.
Non, sérieusement.
Je suis sérieux.
Installez-vous. Prenez une chaise. Un coussin. Un calmant, si besoin.
Parce que ce que je m’apprête à vous dire, c’est… intense.
Je vais bien. Enfin, maintenant. Parce que bon, trois mois, c’est court, mais j’ai déjà vécu un feu de chambre, un saut par la fenêtre, une fracture du crâne, et deux semaines à l’hôpital. Rien de bien méchant. La vue revient, les migraines sont passées de « je veux mourir » à « je veux juste un café ». Progrès.
Tout a commencé avec un micro-ondes un peu trop enthousiaste. Et un pyjama en polyester. Mauvaise combinaison. J’ai fait un saut de compétition olympique par la fenêtre. Pas de médaille, mais un joli plâtre au bras. Et une caissière du dépanneur d’en face qui a tout vu.
Elle s’appelle Chantal.
Non, c’est une blague. Je ne connais même pas son prénom.
Mais elle a appelé les pompiers, l’ambulance, et surtout : elle est venue me voir à l’hôpital. Avec des muffins. Des vrais. Pas ces trucs industriels qui ressemblent à du béton. Une sainte.
Quand j’ai appris que mon appartement était parti en fumée (au sens propre), elle m’a proposé de loger chez elle.
« Chez elle », c’est un sous-sol. Humide. Avec une ampoule qui clignote comme un signal de détresse. Mais… mignon.
Et elle ?
Elle a à peu près votre âge. Deux fois mon.
Mais c’est une femme formidable. Douce, attentionnée, elle fait des œufs brouillés comme personne. Et on est tombés amoureux.
Fou, passionné, tragique. Comme dans les films de Claude Lelouch.
On va se marier.
Pas de date fixe.
Mais avant que son ventre ne commence à ressembler à un ballon de foot, on veut officialiser.
Oui, elle est enceinte.
Notre bébé arrive.
Et je sais que vous allez être des grands-parents incroyables. Vous m’avez élevé avec tant d’amour… (bon, OK, vous m’avez aussi puni pendant trois mois parce que j’avais mis du ketchup sur le canapé, mais passons).
Il y a juste un petit souci.
Une infection.
Pas grave.
Des piqûres de pénicilline tous les jours.
Moi aussi, je l’ai attrapée.
La syphilis.
Mais chut.
On gère.
Et puis, elle est un peu plus foncée de peau que nous.
Pas de la même religion.
Pas de la même culture.
Mais vous êtes si tolérants !
Et son père ? Un mercenaire.
En Afrique.
Dans un village.
Peut-être.
Je ne suis pas 100 % sûr.
Mais il a l’air flippant.
Et costaud.
Donc si vous hésitez à dire non au mariage… réfléchissez bien.
Voilà.
C’est tout.
Je voulais juste que vous sachiez.
Que la vie est compliquée.
Que l’amour arrive quand on s’y attend le moins.
Et que parfois, on saute par la fenêtre… pour atterrir dans les bras de quelqu’un.
…
…
…
Bon, en vrai.
Il n’y a pas eu d’incendie.
Mon appartement est intact.
Je n’ai ni fracture, ni traumatisme, ni fiancée.
Ni bébé.
Ni syphilis.
Et aucune Chantal dans ma vie.
Mis à part celle du dépanneur qui me regarde comme si j’étais un pestiféré quand je paie mes pâtes au fromage en pièces de 5 centimes.
Mais j’ai eu un 5 en physique.
Un 8 en maths.
Et un 13 en bio.
Je me suis dit : autant vous préparer au pire.
Pour que quand vous verrez les notes, vous soupiriez en disant :
« Ah… au moins, il n’a pas sauté par la fenêtre. »
Je vous embrasse très fort.
Et je vous promets : la prochaine fois, je vous écrirai avant de simuler une crise existentielle.
Avec tout mon amour,
Votre fils, le roi du drame (et du 5 en physique).