Amende record pour excès de lenteur : une retraitée condamnée à 2 650 € après avoir roulé à 20 km/h
En février 2022, une retraitée suisse âgée de 65 ans a été verbalisée pour excès de lenteur alors qu’elle circulait prudemment sur une route de montagne avec un van transportant des chevaux. Ce contrôle inattendu a déclenché une polémique nationale sur la proportionnalité des sanctions routières. L’amende initiale de 780 francs suisses (environ 825 euros) s’est transformée en une dette totale de 2 650 euros, plongeant la conductrice dans une situation financière difficile.
Un trajet prudent puni par la loi
L’automobiliste revenait d’une course hippique à Saint-Moritz, tirant un véhicule chargé d’animaux. Sur une route étroite et sinueuse, elle a choisi de rouler à moins de 20 km/h pour assurer la sécurité de son convoi. Cette conduite, dictée par la prudence, n’a pas convaincu un autre automobiliste, qui l’a dénoncée aux autorités pour entrave à la circulation.
Une patrouille de police est intervenue rapidement. Malgré les explications de la conductrice, les forces de l’ordre ont estimé que sa vitesse constituait un danger pour les autres usagers. Elle a donc été condamnée pour excès de lenteur, une infraction rare mais réelle dans le code de la route suisse.

Une amende qui s’envole jusqu’à 2 650 €
L’amende initiale de 825 euros aurait pu être contestée ou minorée. Mais en raison de recours maladroits et de frais administratifs accumulés, la somme à rembourser a atteint 2 650 euros. Répartie sur plusieurs mois, cette charge pèse lourdement sur le budget de la retraitée, qui se dit injustement punie pour avoir respecté les règles de prudence.
« Je roulais lentement parce que je transportais des chevaux sur une route dangereuse », a-t-elle expliqué. « Je ne voyais pas d’autre solution pour éviter un accident. »
La légitimité de l’infraction remise en question
Cette affaire a suscité un vif débat en Suisse et au-delà. De nombreux experts et citoyens s’interrogent sur la proportionnalité de la sanction. Si l’excès de lenteur existe bel et bien dans le code de la route — car il peut provoquer des embardées ou des dépassements risqués —, doit-il être appliqué aussi strictement dans des situations particulières ?
Pour certains juristes, l’absence de contexte dans l’application de la loi pose problème. Une route de montagne, étroite et fréquentée par des véhicules agricoles ou de loisirs, ne devrait-elle pas permettre une certaine tolérance face à une conduite prudente ?
Quand la sécurité devient une faute
Ce cas illustre un paradoxe du droit routier : une décision prise pour éviter un accident peut se retourner contre son auteur. Les conducteurs de véhicules lents — camions, engins agricoles, vans animaliers — se retrouvent souvent pris entre deux dangers : rouler vite et risquer la catastrophe, ou rouler lentement et risquer l’amende.
En France comme en Suisse, l’excès de lenteur est puni si le conducteur gêne gravement la circulation sans raison valable. Mais ici, la présence d’animaux et la nature du terrain auraient pu justifier une exception.