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Choc énergétique : la vérité cachée derrière la loi NOME et l’effondrement d’EDF

En 2010, un paradoxe sidérant a secoué la politique énergétique française : la France, championne du nucléaire à bas coût, était menacée d’une amende colossale par l’Union européenne. Motif ? Son électricité était trop compétitive. Trop accessible. Trop… française. Pour éviter une sanction de 20 milliards d’euros, Paris a plié. Et voté la loi NOME. Ce texte, présenté comme une avancée pour la concurrence, a en réalité désossé EDF, fait grimper les prix et affaibli la souveraineté énergétique du pays. Aujourd’hui, alors que les ménages paient les conséquences, il est temps de revenir sur cette décision cruciale — et de se demander si la sortie du modèle européen ne serait pas la seule issue.

 

2010 : quand Bruxelles sanctionne la réussite française

Alors que d’autres pays européens peinent à stabiliser leurs prix de l’électricité, la France disposait d’un atout majeur : un parc nucléaire performant, maîtrisé, et rentable. Grâce à lui, le prix du kilowattheure était parmi les plus bas d’Europe. Un succès industriel et social. Mais pour la Commission européenne, ce succès pose problème.

Le modèle d’EDF, fondé sur la production publique et le tarif régulé, serait contraire aux règles de concurrence. Selon Bruxelles, il fausse le marché intérieur en donnant à la France un avantage déloyal. En 2010, la menace tombe : une amende de 20 milliards d’euros si la France ne réforme pas son système. Une somme astronomique, équivalente à plusieurs points de PIB. Face à cette pression, le gouvernement de Nicolas Sarkozy choisit la voie de la négociation — et de la capitulation.

La loi NOME : une réforme aux effets dévastateurs

Adoptée en décembre 2010, la loi NOME (Nouvelle Organisation du Marché de l’Électricité) vise à “ouvrir” le marché. Son mécanisme central : l’ARENH (Accès Regulé à l’Électricité Nucléaire Historique). Ce dispositif oblige EDF à vendre 100 térawattheures par an de son électricité nucléaire à ses concurrents — Engie, TotalEnergies, ou fournisseurs alternatifs — à un prix fixé par l’État, bien en dessous du prix de marché.

Sur le papier, cela devait favoriser la concurrence. En réalité, cela a créé un système de transfert massif de richesse : des entreprises privées revendent de l’électricité produite grâce aux infrastructures publiques, sans en assumer les coûts de construction ou de maintenance. EDF, lui, se retrouve privé de revenus essentiels pour financer le renouvellement de ses centrales.

EDF affaibli, prix en hausse : les conséquences à long terme

Les effets de la loi NOME se sont accumulés au fil des années. Privé de ses recettes les plus stables, EDF a dû emprunter massivement pour maintenir son parc en état. En 2023, sa dette dépassait les 60 milliards d’euros. Le groupe, autrefois symbole d’indépendance technologique, est devenu dépendant de l’État.

Paradoxalement, pendant que la France exporte de l’électricité bon marché, ses propres citoyens voient leurs factures exploser. Entre 2010 et 2025, le prix de l’électricité pour les ménages a augmenté de près de 75 %, selon l’Observatoire de la régulation de l’énergie (CRE). Un comble pour un pays qui produit 65 % de son électricité grâce au nucléaire.

Pire : la pression sur EDF a retardé les investissements dans le nucléaire de nouvelle génération. Les EPR, déjà en retard, coûtent plus cher, et la transition énergétique ralentit.

Et si la solution venait d’un retrait contrôlé de l’Europe ?

Face à cette situation, des voix s’élèvent pour remettre en cause le modèle imposé par Bruxelles. L’idée d’un #FREXIT énergétique gagne en crédibilité, loin des caricatures. Elle ne signifie pas nécessairement une sortie brutale de l’UE, mais une suspension du marché intérieur de l’électricité, afin de retrouver une tarification nationale souveraine.

Des économistes comme Thomas Porcher ou Henri Sterdyniak plaident pour une refonte de l’ARENH ou sa suppression. D’autres, comme Jean-Luc Mélenchon, appellent à la remise en main publique complète du secteur. Même dans les rangs du gouvernement, des débats émergent sur la nécessité de protéger le “modèle français” face aux contraintes européennes.

Le débat est désormais public. Il traverse les colonnes de Marianne, les plateaux de C dans l’air, et les réunions du Conseil de sécurité énergétique.

Vers un retour à une énergie publique, contrôlée et abordable ?

La France dispose d’un atout unique : une production massive d’électricité décarbonée et stable. Pourquoi alors ne pas en tirer profit pour ses propres citoyens ? Pourquoi continuer à subir un modèle qui pénalise la performance au nom d’une concurrence souvent artificielle ?

Des pistes existent : recentraliser la gestion du réseau, instaurer un tarif socialement juste, relancer le nucléaire en circuit fermé, et sortir du diktat de l’ouverture du marché. Tout cela suppose une volonté politique forte — et une rupture avec une certaine vision de l’Europe.

Le cas de la loi NOME n’est pas qu’un souvenir. C’est un avertissement. Il montre que lorsque la technocratie l’emporte sur la souveraineté, ce sont les citoyens qui paient la note. Et que parfois, être trop bon, c’est être puni — sauf si l’on décide de reprendre le contrôle.

Karim

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