Controverse sur le Budget 2026 : Pourquoi François Bayrou s’en prend-il au mois de mai ?
Le Premier ministre François Bayrou relance le débat sur les jours fériés et le rythme de travail en France. Dans son discours sur le Budget 2026, il a vivement critiqué le mois de mai, le décrivant comme un véritable gruyère de congés où l’on saute de ponts en viaducs de jours chômés. Une déclaration qui fait débat, surtout autour de la proposition de supprimer le 8-Mai comme jour férié. Mais cette vision est-elle justifiée ? Analyse d’un mois qui divise.
Un mois de mai accusé de paresse
Dans son allocution, François Bayrou a dénoncé une baisse d’activité économique liée à l’accumulation de jours fériés en mai. Selon lui, ce mois serait synonyme de ralentissement productif, ce qui justifierait une réforme du calendrier des jours chômés. Il a notamment évoqué une chute de l’activité de 0,3 à 0,4 % pendant cette période, ainsi qu’une perte estimée entre 4 et 6 milliards d’euros selon l’Insee.
Cette critique s’inscrit dans une logique budgétaire visant à optimiser la productivité nationale. L’économiste Philippe Crevel a appuyé cette vision, soulignant que lisser les congés sur l’année aurait un impact moindre sur l’économie.
Un mois victime d’un mauvais procès ?
Pourtant, cette vision du mois de mai est contestée. Caroline Diard, professeure associée à la Toulouse Business School, rappelle que la France dispose de onze jours fériés par an, ce qui la place dans la moyenne européenne. Elle souligne aussi que le 1er-Mai est le seul jour férié obligatoire, les autres pouvant être travaillés selon les accords de branche.
Le mois de mai est aussi marqué par une course contre la montre pour épuiser les congés payés de l’année précédente. C’est une explication logique à la hausse des absences constatée à cette période. De plus, pour les secteurs du tourisme, de la restauration ou de l’hôtellerie, mai reste un mois d’activité intense.
Une décision politique ou économique ?
Le débat déborde du strict cadre économique. Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail, souligne que les Français ne sont pas particulièrement attachés au 8-Mai, mais plutôt aux vacances printanières. Et ces dernières, avec ou sans pont, auront toujours lieu.
Supprimer le 8-Mai comme jour férié ne garantirait donc pas un gain de productivité significatif. En revanche, cela pourrait entamer un symbole historique sans réel impact économique concret.