« J’ai déjà tué une fois » : la révélation qui pourrait faire basculer le procès Jubillar
Une phrase. Trois mots. Et un silence pesant. « J’ai déjà tué une fois » — ces paroles, prononcées à voix basse dans un parloir de prison, pourraient bien devenir l’un des éléments les plus déterminants du procès de Cédric Jubillar. Une jeune femme de 31 ans, dernière compagne avérée du prévenu, s’apprête à être entendue par la cour d’assises du Tarn après avoir rapporté des faits glaçants. Selon son témoignage, Jubillar aurait non seulement reconnu un meurtre, mais il en aurait aussi simulé les gestes devant elle. Un acte précis. Calculé. Terrifiant. Alors que le procès doit s’ouvrir le 22 septembre prochain, ce nouveau rebondissement relance tout : les soupçons, les espoirs, et surtout, la quête de vérité autour de la disparition de Delphine Aussaguel.
Un témoignage recueilli dans l’urgence judiciaire
La jeune femme sera auditionnée avant même l’ouverture du procès, conformément à l’article 238 du Code de procédure pénale. Ce dispositif permet aux juges d’enregistrer un témoignage crucial lorsque sa fiabilité future est incertaine. Ici, la crédibilité du propos et son caractère inédit justifient cette mesure exceptionnelle. Le témoignage a été transmis par Me Joaquinito Maria Alogo de Obono, avocat de la plaignante, à l’Agence France-Presse, puis aux autorités judiciaires. Il n’a pas été divulgué publiquement par la justice — mais il circule désormais comme une bombe dans les couloirs du palais de justice d’Albi.
Supplément d’information dans l’affaire Jubillar: Cédric Jubillar est « très surpris, très meurtri, et s’interroge sur les motivations réelles de cette jeune femme », indique son avocate pic.twitter.com/5LFjgTQWtN
— BFMTV – Matinale (@PremiereEdition) July 22, 2025
La scène décrite : une mise en abyme du crime
Les faits se seraient déroulés début juillet 2025, lors d’un entretien familial à la maison d’arrêt de Toulouse-Seysses. La jeune femme raconte que Cédric Jubillar s’est placé derrière elle, calmement. Puis, sans prévenir, il aurait reproduit le geste d’un étranglement : une main sur le front, l’autre bras verrouillé sous la gorge. Une technique de contention proche de celle utilisée dans certaines prises de self-défense ou de lutte.
Elle affirme qu’il lui aurait alors expliqué avoir serré « très longtemps », au point de se blesser lui-même. Une marque serait apparue sur son avant-bras — une lésion vue, selon lui, par un légiste lors d’un examen médical juste après la disparition de Delphine Aussaguel, en décembre 2020. Une explication avait été donnée à l’époque : une blessure en posant du parquet flottant. Mais jamais ce détail n’avait filtré dans les rapports publics.
Une menace explicite, presque programmatique
Avant de passer à l’acte simulé, Jubillar aurait lancé cette phrase, froide et directe : « Ne me trompe pas, et tout se passera bien ». Une mise en garde. Une règle implicite. Suivie de l’aveu : « J’ai déjà tué une fois ». Des mots que la jeune femme dit avoir entendus distinctement. Choquée, elle aurait gardé le silence sur l’instant, puis rapporté l’incident à son avocat dès sa sortie.
Ce n’est pas une allusion. Ce n’est pas un délire. C’est une reconnaissance de fait , formulée dans un cadre intime, sans pression policière. Et pourtant, d’une extrême gravité. En droit, un aveu spontané, même indirect, pèse lourd dans l’esprit des jurés.
L’affaire Jubillar : cinq ans d’impasse judiciaire
Depuis décembre 2020, le corps de Delphine Aussaguel, infirmière de 37 ans, n’a jamais été retrouvé. Cédric Jubillar, son mari, a toujours nié toute implication. Pourtant, mis en examen pour assassinat, il fait face à un faisceau de présomptions : écoutes téléphoniques troublantes, comportements incohérents, recherches suspectes sur internet. Mais aucune preuve matérielle formelle. Pas d’ADN, pas de traces de sang, pas de cadavre.
C’est là que ce nouveau témoignage prend tout son sens. Il ne remplace pas une preuve scientifique. Mais il ajoute une pièce manquante au puzzle : un aveu circonstancié, lié à un détail médical potentiellement vérifiable. Si les rapports du légiste de 2020 confirment bien une lésion compatible avec un effort violent de strangulation, l’hypothèse du bricolage devient fragile.
Une démarche citoyenne dans un contexte médiatique tendu
Face aux critiques sur sa relation avec un homme soupçonné de meurtre, la jeune femme se défend : « Je n’ai jamais voulu jouer les justicières. Je voulais simplement dire ce que j’ai entendu. Par respect pour Delphine. Par respect pour la vérité ». Elle insiste : sa relation avec Jubillar a duré environ six mois. Elle n’était pas au courant de l’ampleur de l’affaire lorsqu’elle l’a rencontré. Mais dès qu’elle a compris la gravité de ses propos, elle a agi.
Son témoignage ne cherche pas à condamner. Il cherche à informer. À contribuer. Comme tant d’autres, elle espère que le corps de Delphine soit retrouvé. Que la famille puisse faire son deuil.