Michel Onfray déclenche le débat : « La prison est devenue une légion d’honneur de la barbarie »
Lors d’un entretien diffusé sur CNEWS, le philosophe Michel Onfray a lancé une phrase qui fait réagir : « Si la prison effrayait autrefois, elle est aujourd’hui devenue un signe de noblesse, une espèce de légion d’honneur de la barbarie. »
Ces mots, prononcés en réaction aux nombreux rodéos urbains et à l’insécurité croissante dans certaines zones urbaines, ont immédiatement suscité des réactions variées. Est-ce une vision exagérée ou reflète-t-elle une réalité inquiétante ? Faut-il y voir une critique du système pénitentiaire ou une alerte sociale sur l’évolution des comportements ?
Une critique cinglante de la banalisation de la violence
Pour Michel Onfray, il ne s’agit pas seulement de pointer du doigt les faits divers violents — rodéos motorisés, agressions gratuites, actes de vandalisme — mais bien de dénoncer une mutation profonde du rapport à la loi, au crime et à la punition.
Selon lui, la prison, autrefois symbole de l’autorité et de la sanction, perd peu à peu sa fonction dissuasive. Elle devient même, dans certains milieux, un passage presque valorisé, voire glorifié. Cette idée rejoint celle de certains sociologues selon qui l’emprisonnement peut être perçu comme une épreuve initiatique ou un marqueur de statut dans certains groupes sociaux.
Rodéos urbains : le symptôme d’un mal plus profond
Les rodéos motorisés, souvent orchestrés par des jeunes en groupe, sont devenus ces derniers mois des phénomènes récurrents dans plusieurs grandes villes françaises. Ces actes, dangereux pour les riverains comme pour les participants, symbolisent une forme de défi à l’ordre public.
Ils interviennent souvent dans des quartiers où le sentiment d’injustice sociale est fort, où la méfiance vis-à-vis des institutions est élevée. Et si la réponse judiciaire se durcit — avec des incarcérations rapides — cela ne semble pas suffire à enrayer le phénomène.
C’est précisément cette impuissance apparente du système que dénonce Michel Onfray, en pointant du doigt une société où la peur n’a plus prise sur ceux qu’elle devrait normalement dissuader.
La prison : outil de punition ou espace d’initiation ?
Bien sûr, personne ne prétend que les jeunes aspirent volontairement à être emprisonnés. Mais force est de constater que la menace carcérale ne porte plus autant qu’auparavant.
Plusieurs études montrent que près de 40 % des détenus libérés récidivent dans les deux ans suivant leur sortie. Ce chiffre traduit un échec partiel du système pénitentiaire français, tant sur la dissuasion que sur la réinsertion.
Dans ce contexte, les propos d’Onfray prennent tout leur sens : si la prison n’effraie plus, c’est peut-être parce qu’elle ne représente plus un véritable bouleversement de vie, ni un obstacle insurmontable. Au contraire, elle peut être vécue comme une étape presque attendue.
Faut-il repenser notre modèle pénitentiaire ?
Face à ces réalités, plusieurs experts appellent à une refonte profonde du système carcéral. Il ne s’agit pas seulement de durcir les peines, mais de redonner à la prison une fonction éducative, protectrice et dissuasive.
Le débat autour de la réhabilitation des délinquants, de l’accès à l’éducation en détention, ou encore de l’accompagnement après la libération reste ouvert. Peut-être que c’est là la vraie solution : transformer la prison d’aujourd’hui en un lieu de transformation plutôt qu’en simple punition.