Gérald Darmanin relance le débat : Et si les prisonniers payaient leur détention ?
Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a fait une annonce choc ce lundi soir sur TF1 : il souhaite rétablir les frais d’incarcération, une idée rejetée depuis près de vingt ans par les défenseurs des droits des détenus. Selon lui, cette mesure permettrait non seulement de responsabiliser les condamnés, mais aussi de financer des améliorations concrètes pour les agents pénitentiaires.
L’idée est simple : ceux qui violent la loi doivent contribuer à leur prise en charge dans les lieux de privation de liberté. Mais derrière cette logique se cache un débat profondément moral, économique et social. Faut-il faire payer des personnes incarcérées ? Et si oui, comment éviter de pénaliser davantage celles qui sont déjà les plus vulnérables ?
Une proposition claire : les détenus paieront une contribution symbolique
🔴 Gérald Darmanin (@GDarmanin), invité du 20H de @GillesBouleau
🗣️ Prisons : "Je vais rétablir les frais d'incarcération. Aujourd'hui, le fonctionnement de nos prisons coûte 10 millions d'euros par jour. Les détenus doivent contribuer aux frais d'incarcération." pic.twitter.com/4RK7CJ2uzP
— TF1Info (@TF1Info) April 28, 2025
Dans son intervention sur TF1, Gérald Darmanin a souligné que le coût quotidien du système pénitentiaire s’élève à 10 millions d’euros. Sur une année, cela représente près de 4 milliards d’euros prélevés sur les finances publiques. Le ministre juge donc injustifié que les contribuables financent intégralement la vie des personnes condamnées.
« Nous travaillerons sur un montant symbolique mais dissuasif », a-t-il expliqué, assurant que cette contribution ne concernerait pas les détenus en situation de précarité ni ceux placés en détention provisoire. Les fonds recueillis seraient affectés au recrutement et à la formation du personnel pénitentiaire, souvent en sous-effectif.
Pour Darmanin, il ne s’agit pas simplement d’économiser quelques euros : c’est une question de principe. « Il faut en finir avec le laxisme », a-t-il insisté, appelant à une remise en ordre morale et financière du système carcéral français.
Des critiques fortes de la société civile
Aussitôt annoncée, la proposition a suscité une vive opposition. L’Observatoire International des Prisons (OIP), figure de proue de la défense des droits carcéraux, a qualifié cette idée de « brutale et consternante ». Dans un communiqué, l’organisation rappelle que les conditions de vie en prison sont déjà difficiles et qu’une telle mesure pourrait accentuer les inégalités entre détenus aisés et détenus pauvres.
Selon les chiffres avancés, un prisonnier sur cinq survit avec moins de 60 euros par mois. Comment, dans ces conditions, imaginer une participation significative sans aggraver la précarité ? L’OIP pointe également du doigt le risque d’un glissement vers une justice différenciée selon les moyens financiers – une critique rarement évoquée dans les débats publics.
Sources :
- TF1 – Archives des interviews politiques
- Observatoire International des Prisons – Position officielle sur la dette carcérale